Sunday, September 26, 2010

La culture, ce drap bleu



Hier je suis revenu de la Bibliothèque Nationale avec dans mon sac : un manga signé Taiyou Matsumoto : Le Samouraï Bambou, un livre largement illustré concernant le pèlerinage de la Bretagne intérieure : Sur les Chemins du Tro Breiz, un livre de Rémy Rieffel sur le phénomène de la presse gratuite comme le Journal Métro ou le 20 Minutes d’Europe : Mythologie de la Presse Gratuite, un essai de Diana Beresford-Kroeger intitulé : The Global Forest, un livre concis et génial sur la mode intitulé : 101 things I Learned in Fashion School d’Alfredo Cabrera et Matthew Frederick, un petit livre d’histoire sur la navette spatiale, largement illustré : The Shuttle Story par John Christopher, un ouvrage de Jacques Theys, Christian du Tertre et Felix Rauschmayer : Le Développement Durable. la seconde étape, le premier des trois volumes sur le Monde émergent intitulé Lieux issu du programme de recherche soutenu et financé par l’INNEE du CNRS TERRITOIRE, ENVIRONNEMENT ET CITOYENNETÉ : Les nouveaux défis environnementaux, un excellent livre sur la faim qui tenaille et tue le tiers de l’Humanité : Climate Change and Food Security Adapting Agriculture to a Warmer World, et la bible de l’impact humain sur l’environnement dans son édition canadienne : Environment, The Science Behind the Stories de Withgott, Brennan et Murck. J’avais aussi un coffret de 7 DVD supervisé par Martin Scorsese : The Blues – A Musical Journey que je vais partager bénévolement vendredi soir prochain avec mon groupe de 6 amis de l’amicale des Arts et des Sciences de Laval, un DVD des deux concertos pour piano de Chopin avec Marek Drewnowski et l’orchestre Symphonique de la Radio Nationale de Pologne dirigé par Antoni Wit dans le cadre féérique du château de Laňcut que je vais partager bénévolement ce soir avec mon groupe de 15 amis de l’amicale des Arts et des Sciences de Laval que je vois depuis 25 ans et finalement le Concerto pour piano de Robert Schumann avec Martha Argerich, Franz-Paul Decker et l’orchestre de la CBC
À mon retour, je suis passé par le parc Émilie Gamelin pendant la tenue d’une activité culturelle durant laquelle se superposait un tournoi d’échec grandeur nature et un jeu de définitions à partir des expressions populaires du langage commun. Il s’agissait du jeu : C’est Tiguidou. C’est là que la culture m’a frappé de plein fouet après avoir rempli un questionnaire de définitions. J’ai gagné 4 recueils de poèmes des Éditions des Forges :
- Parages du Langage de Fernando d’Almeida
- Poèmes de Mónica Mansour
- Voix d’Argentine de Claudia Schvartz et Gerardo Manfredi
- Torbellino de deseos (Tournoiement des désirs) de France Boucher.
J’étais joyeux car j’adore la poésie. Je flottais en entrant dans le métro lors de mon retour vers Laval, station Cartier.
Et je me suis demandé, pour moi, c’est quoi la culture :
- C’est 25 années à combler un vide avec des amis qui éprouvent le même besoin que moi
- C’est un besoin insatiable de comprendre tout ce qui se passe autour de moi
- C’est la rencontre de l’autre dans l’art, le lyrisme, la sculpture, la peinture, la poésie, enfin, tout ce qui va nous survivre après ce court passage dans ce monde
- C’est quelque chose à l’extérieur de ma tête que je vais chercher afin de nourrir mon cœur
- C’est la survivance de mon peuple enfanteur de rêves, de parlures, de mots écorchés, de blasphèmes, qui saigne par le craquement des jointures durant l’hiver, et qui avale sa salive plutôt que de la cracher au visage des Durham, des Duplessis et des Charest de ce monde depuis 1534. Un peuple maltraité relevant la tête, un peuple méprisé par ceux qui speakent white, un peuple abusé dès l’enfance par les ultramontains, par ceux qui disent savoir ce que ceux qui rêvent ont dans le cœur.
- La culture c’est aussi moi en train de pleurer en vous l’écrivant, c’est le sang qui coule dans les veines de mes enfants. C’est la seule chose qui me reste et que l’on essaie de m’enlever.
C’est aussi le goût d’envoyer chier un Chevalier de la Légion d’Honneur parce qu’il détourne l’argent de mon peuple à coup de 20 milliards pour le donner à ses amis alors qu’on a encore besoin de financer les études de nos jeunes et de bâtir des écoles, alors que nos aînés se présentent au dernier tour d’une fin de vie avec pas suffisamment de lits de soins palliatifs et c’est encore moi qui braille, gémit, se tord et hurle en dedans en vous le disant.
Merci aux Éditions des Forges pour le beau cadeau de culture qu’ils m’ont fait hier, merci aux travailleurs de la culture qui animent ces ateliers avec des salaires annuels qui frôlent le seuil de la pauvreté, merci à vous qui lisez mes webvlogs, mes blogs. Merci Madame Giard mon prof de première année qui m’avez appris l’abécédaire de la tendresse, merci à Mireille Fortin mon prof de deuxième année qui m’avez appris la rigueur, merci à Lise Lanouette, Mme Lacerte, qui m’avez appris l’émerveillement en troisième année primaire, merci à M. Forget mon prof de quatrième qui m’avez appris l’Honnêteté, Merci Monsieur Guillemette mon prof de cinquième année qui m’avez appris à raisonner de façon logique, je pourrais vous les nommer tous car ils m’ont tout appris ; du primaire jusqu’à l’université.
La culture c’est la distance amoureuse entre le vide d’un cerveau à combler et la plénitude des choses qui demandent à être nommées, désignées, expliquées, classées, cartographiées, partagées, développées, extrapolées, sublimées, et qui constituent la substance de la moelle du rêve.
C’est aussi moi qui ne sait pourtant rien du tout sur rien et qui lit dans le métro en m’en revenant vers Laval :
Le drap bleu effilé et déchiré
avala de son sillon infini
le rire de l’aube